Charlie est une petite fille de sept ans comme les autres, à un léger détail près : elle a le pouvoir d'enflammer, sous le coup de la colère ou de la peur, n'importe quel objet ou être humain à proximité... Ce pouvoir, bien qu'elle n'arrive pas encore à le contrôler, intéresse de très près une agence gouvernementale appelée "La Boîte". Celle-ci est prête à tout pour mettre la main sur la petite fille, afin de pouvoir étudier et mesurer ses facultés exceptionnelles. Pour récupérer la fille, ses agents n'ont pas hésité à torturer et tuer la mère. Andy, son père, s'enfuit alors avec sa fille, décidé à se battre jusqu'au bout pour la protéger, d'autant plus qu'il est rongé par un immense sentiment de culpabilité : il y a quinze ans, il a participé à un programme de "tests" mené par un psychiatre de l'université où il étudiait. Ces tests consistaient simplement en l'injection d'une substance psychotrope proche du LSD, mais bien plus forte. Lors de cette série de tests, où Andy a connu sa femme, divers événements étranges se sont produits : un cobaye est mort, un autre a sombré dans la démence et s'est crevé les yeux... Andy et VIcky, sa future épouse, pensaient en être sortis indemnes, et avec deux cents dollars dans la poche, mais ils ont rapidement découvert qu'il possédaient un nouveau pouvoir : Andy s'est retrouvé doté d'une faculté de manipulation mentale, qu'il appelle "la poussée", mais qui lui donne de terribles migraines, et Vicky pouvait déplacer certains objets à distance, rien que par la pensée. Ces deux pouvoirs, assez mesurés, auraient pu ne pas susciter l'intérêt de "La Boîte", responsable des tests, mais avec l'arrivée de Charlie, tout change : son don de pyrokinésie fascine les cadres et les psychiatres de l'organisation. Désormais, Andy n'a plus que peu de répit avant de voir sa fille transformée en rat de laboratoire entre les mains de savants fous, et s'il veut y échapper, il va lui falloir jouer très serré, car "La Boîte" n'est vraiment pas là pour plaisanter.

 

Stephen King, maître incontesté de la littérature d'épouvante, s'attaque dans ce roman aux complots et manipulations des agences gouvernementales, sur une trame qu'il avait en partie utilisée dans Carrie. Mais cette fois, la victime, Charlie (et la proximité des deux prénoms favorise le rapprochement dans l'esprit du lecteur), n'a plus à se défendre contre ses camarades de lycée, mais contre une organisation aux crédits illimités et aux méthodes peu scrupuleusecharlie.jpgs.  Le rythme est soutenu, les personnages bien campés, y compris et surtout les agents et cadres de "La Boîte", qui sont tous plus mystérieux les uns que les autres : le professeur Wanless, psychiatre qui a réalisé les tests de l'université, terrorisé par les pouvoirs de la petite fille, véritable "bombe à retardement", comme il l'appelle, Cap Hollister, cadre près à tout pour débusquer Charlie et son père, arriviste, arrogant et sans scrupules, et surtout l'énigmatique John Rainbird, indien borgne au visage défiguré, qui assassine froidement, par simple curiosité, guettant dans les yeux des "trépassants" une étincelle qui lui révélerait une fois pour toutes le mystère de la mort. En comparaison, Charlie et son père paraissent plutôt fades, et le lecteur a quelque difficulté à s'attacher à eux. Le style est assez plat, fonctionnel, jamais plus, et parfois agaçant, lorsque l'auteur nous donne à voir les monologues intérieurs de la petite fille, de façon infantile et décousue. Même si l'intrigue est truffée de rebondissements, de complots divers et variés, d'enjeux dissimulés, de trahisons multiples, de scènes mémorables où Charlie met le feu à tout ce qui bouge, l'ensemble reste peu convaincant et pour ainsi dire assez peu intéressant. Stephen King a, semble-t-il, visé un peu trop haut avec ce roman, et reste bien meilleur lorsqu'il se cantonne à son registre d'épouvante-horreur. Mieux vaut donc oublier ce thriller médiocre pour se tourner vers ses chefs-d'oeuvre, Shining, Ça et Jessie en tête.   2 étoiles

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