Paul Becker, marié, père d'un petit garçon, est un médecin de Floride tout ce qu'il y a de plus banal : pas d'aventure extra-conjugale, pas de compte placé à l'étranger, même pas un petit joint de temps en temps. Mais sa vie va basculer du jour au lendemain, suite à une altercation dans son cabinet de consultation. Après la bagarre, il retrouve par terre un téléphone portable, dont le contenu va le conduire à sa perte. Trois photos y sont enregistrées : la première, celle d'un gamin noir de dix ans, enlevé quelques jours plus tôt dans un fast-food, la deuxième, celle d'une partie fine à laquelle participent visiblement des mineurs ; la troisième enfin, est une photo de son propre père, avec qui il a coupé les ponts depuis des années. Paul découvre rapidement qu'il se retrouve au coeur d'un trafic pédophile de grande ampleur, dont  les ramifications sont très étendues, peut-être même jusqu'à inclure des personnalités politiques ou de la finance. Alors qu'il entreprend de faire la lumière sur cette affaire, sa femme et son fils disparaissent mystérieusement, et Paul est malheureusement sur la liste des suspects... Dès lors, les événements s'enchaînent à une vitesse folle : Paul tente de renouer le contact avec son père, mais celui-ci lui tire dessus lors de sa visite, avant de se suicider ; la police le surveille de plus en plus étroitement suite à la disparition de sa famille ; même son meilleur ami, inspecteur, hésite à lui faire encore confiance, et le psychopathe qu'il soupçonne d'être derrière toute cette machination, et qui se fait appeler Kosh le Magicien, demeure introuvable. Les cadavres s'accumulent autour de Paul, mais l'engrenage semble inexorablement mis en route. Désormais, Paul n'a plus que deux solutions : fuir ou... arrêter Kosh.

 

Découvert avec L'Oeil de Caine, dont on avait salué ici même l'originalité, tout en déplorant son intrigue rocambolesque, Patrick Bauwen décide de remettre ça avec ce nouveau polar saturé de feuilletons américains. Dès les premières pages, nous voilà pris dans le rythme effréné de la narration, où les chapitres, généralement longs de quatre à cinq pages, font se succéder rebondissements, révélations de dernière minute et autres coups de théâtre. Oui, là encore, le parti pris est original, avec ce médecin, forcé malgré lui, pour retrouver sa famille, de devenir un héros, s'opposant au fil des pages tantôt à sociopathe pervers et manipulateur, tantôt à la police de Naples qui passe son temps à lui courir après, persuadée qu'il a un lien avec la dispmonster.jpgarition de sa famille, tantôt au FBI lui-même, qui lorgne aussi sur cette affaire un peu louche, mais l'originalité, si elle est louable, ne suffit pas à faire un bon roman, même s'il faut reconnaître que ce dernier opus est un peu mieux écrit que le précédent (ou, pour le dire plus clairement, les ficelles sont moins grosses que la dernière fois, ce qui n'empêche pas le dénouement d'être complètement tiré par les cheveux, avec des morts qui ressuscit ent et des analyses ADN en pagaille). Tout cela fournit un joyeux bordel, où l'on se perd néanmoins agréablement, car l'écriture de Bauwen, avouons-le, est tout de même diablement efficace : à la fin de chaque chapitre, on ne résiste pas à la tentation de commencer le suivant, pour ne rien perdre des aventures de Paul Becker. On regrette toutefois que certains personnages secondaires ne soient pas plus développés, alors même que le fourmillement d'intrigues aurait permis à l'auteur de leur accorder un peu plus d'attention. Comme dans L'Oeil de Caine, le personnage du pervers diabolique est là encore le mieux réussi, mélange de lascivité et de cruauté proprement surprenant. Attendez-vous donc à ne pas pouvoir décrocher sur près de six cents pages, avec une intrigue à couper le souffle, des situations invraisemblables et une écriture sans superflu ni temps mort. Sans doute pas un chef-d'oeuvre du genre, mais assez palpitant pour faire passer un bon moment, et meilleur en tout cas que tout ce que pourront écrire Thilliez ou Maud Mayeras.               3 étoiles

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